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Avril : le mois de la santé et de la sécurité oculaires chez la femme

Saviez-vous que les femmes sont davantage sujettes aux problèmes de vue ? Le Professeur Grupcheva, spécialiste en ophtalmologie, nous explique pourquoi et nous partage ses recommandations pour les limiter.

 

 
« Les soins et interventions esthétiques sont parmi les pratiques les plus courantes chez les femmes. La recherche montre que les produits cosmétiques et interventions esthétiques pour les yeux arrivent en deuxième place après le rouge à lèvres et l'embellissement des lèvres. Du point de vue ophtalmologique, la surface de l'œil est une structure extrêmement fragile qui peut être affectée par tout type d'intervention, y compris bien évidemment le maquillage. On associe à cette pratique un certain nombre de problèmes graves et chroniques affectant les facultés visuelles, le confort perceptuel (sensation oculaire), ou des rougeurs au niveau des yeux.
 
En général, la plupart des interventions « permanentes » (courbure des cils, permanente des cils, cils artificiels, etc.) utilisent des produits chimiques puissants et ont des effets plus nocifs sur les cils, les glandes fragiles de la conjonctive, les paupières et le film lacrymal. Par conséquent, je recommande globalement de bannir ces interventions, surtout si des effets secondaires tels que la perte de cils, les yeux rouges ou l'inconfort ont été constatés, même de manière anecdotique. Bien que peu de publications abordent le sujet des cosmétiques waterproof, on sait parfaitement qu'ils bloquent les glandes productrices de lipides (un composant important des larmes) et conduisent donc plus souvent à la sécheresse oculaire et à l'intolérance aux lentilles de contact. De plus, ces produits sont plus difficiles à nettoyer, et à long terme, ont un impact négatif (inflammation chronique) sur les marges des paupières. 
 
Il est difficile d'évaluer un seul composant utilisé dans la composition des produits cosmétiques, mais il est toutefois important de sensibiliser les utilisatrices. L'histoire et la littérature publiée montrent diverses complications (locales et systémiques), en particulier lorsque le produit contient ne serait-ce que de petites traces d'agents potentiellement toxiques. Il faut également noter que l'allergie, qui est un problème sérieux de nos jours, peut être déclenchée par n'importe quel produit cosmétique, y compris les cosmétiques pour les yeux.
 
Dernier point et non des moindres, on remarque que les femmes sont très souvent enclines à s'échanger leurs cosmétiques pour les yeux : pour les essayer, pour des traitements professionnels, dans le cadre d'interactions sociales avec des amies, etc. C'est là une très mauvaise habitude car le microbiome personnel (les bonnes bactéries) n'est pas le même d'une personne à l'autre. De plus, une petite épidémie de Demodex (un petit acarien qui vit à la racine des cils) a été constaté ces dernières années. Les œufs de Demodex sont relativement robustes et survivent jusqu'à un mois dans les substances huileuses, en particulier le mascara. Un exemple de plus qui, je l'espère, dissuadera les utilisatrices de s'échanger leur maquillage, et les encouragera à remplacer fréquemment le mascara.
 
 
S'il n'existe pas de solution universelle pour toutes les femmes, voici tout de même quelques règles simples qui aideront à éviter les complications :
 
 
1.       Démaquillez-vous soigneusement avant de vous coucher, de préférence avec un produit recommandé par un spécialiste et adapté à vos paupières ;
 
2.       Utilisez des produits hydrosolubles qui sont en général moins nocifs pour le film lacrymal ;
 
3.       Respectez la date de péremption et n'utilisez aucun produit au-delà de la période recommandée ;
 
4.       Ne prêtez pas vos produits cosmétiques pour les yeux;
 
5.       Lisez les informations concernant la composition et évitez les produits chimiques dont les effets sont inconnus ;
 
6.       En cas de problème, consultez votre ophtalmologiste.
 
La professeure CN Grupcheva, diplômée de l'Université de médecine de Varna, est devenue spécialiste en ophtalmologie en 1996. Elle a poursuivi ses études avec des programmes de bourses courts au Moorfields Eye Hospital de Londres et à l'Université de Dundee au Royaume-Uni. En 2000, elle s'est installée en Nouvelle-Zélande en tant que chercheuse universitaire à l'Université d'Auckland pendant trois ans. Au cours de cette période, elle a obtenu un doctorat avec mention élogieuse et le prix de la meilleure thèse de doctorat de l'Université d'Auckland en 2002. Actuellement, elle est Responsable du département d'ophtalmologie et des sciences oculaires et occupe le poste de Vice-rectrice aux affaires scientifiques à l'Université médicale de Varna. Elle a publié plus de 150 articles scientifiques et 14 ouvrages sur l'ophtalmologie. Elle a un indice H de 30 et a été citée plus de 2000 fois au cours des 15 dernières années. La professeure Grupcheva enseigne à tous les niveaux des cycles supérieurs et postuniversitaires et supervise activement 8 doctorants et 12 internes en ophtalmologie. Elle est l'ancienne présidente du Conseil européen d'ophtalmologie et l'actuelle présidente de la Société bulgare d'ophtalmologie.